chez Nicolas Bokov

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Lieu : Paris, France

18.11.05

En compagnie de Pessoa

La nuit, écoutant la pluie tomber.
Lisant Pessoa.
Ecouter la pluie lisant Pessoa ?
Lire Pessoa écoutant la pluie ?
La pluie ou Pessoa ?
Pessoa ou la pluie ?
La pluie.

La pluie a cessé
laissant Pessoa
hors concurrence.
Pessoa.
Le sommeil.
Pessoa ou le sommeil ?
Le sommeil ou Pessoa ?
Le sommeil.

Le dos chaud de la bien-aimée.
Le sommeil ou le dos ?
Le dos ou le dodo ?
Le dos. L’échine.

La cuisse chaude de la bien-aimée.
Le dos ou la cuisse ?
Le dos chaud ou la cuisse lisse ?
La cuisse.

La cuisse lisse droite.
La cuisse lisse droite ou la cuisse lisse gauche ?
La cuisse lisse gauche ou la cuisse lisse droite ?
Droite ou gauche ?
Gauche ou droite ?
Quelle politique choisir ?

Les deux cuisses lisses et chaudes
Harmonisées.
L’harmonie.
Sommeil.

*
Pessoa Fernando.
Ma concierge pourra le lire
En langue d’origine
Sans traduction hersant.
Chanceuse !
Mais elle ne le fera pas.
Il n’habite pas notre immeuble.
Il ne l’a jamais habité.
Il est mort depuis longtemps.

*
Lire un livre
Ou écrire un poème ?
Lire un livre bien
Ou écrire un poème génial ?
Lire encore un livre
Ou écrire un autre poème ?

Lire un livre
Ou maigrir un peu ?
Lire une œuvre complète d’Alvaro de Campos
Ou maigrir de toutes ses forces ?
Lire ou maigrir ?
Maigrir.

Vivre encore un peu
Ou mourir dignement ?
Vivre dans la haine de la cité
Ou mourir pleuré gentiment ?
Vivre en augmentant le trou de la Sécu
Ou mourir en diminuant le nombre des chômeurs ?
Vivre en occupant une bonne chambre de bonne
Ou mourir s’installant dans une fosse individuelle ?
Vivre ou pire, mourir ?
Mourir ou pire, vivre ?
Pire.

Mes Invités du Mois: Félix Ingold et Adrian Mels


Approche


est la nuit.

Là-bas
ta main mon organe
le plus rauque. Désir
à plein volume.


est la suture.

Un bonheur.
Nous sépare. La grinçante
fin de quoi.


Félix Philip Ingold


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Adrian Mels


FLYING DROGMAN


(en guise d'avant-propos)

Finalement, l'écrivain n'est-il pas, lui aussi, un peu un translateur : transposant, non pas d'une langue dans une autre, mais de son for intérieur vers un espace accessible à tout le monde ?.. "Volant" ou "fantôme", à la mode hollandaise ou teutonne – là n'était pas au départ la question, mais bien d'y aller ou non à cette rencontre. Rencontre, pas tout à fait comme les autres : où parfois se faufilait une drôle d'ombre... Mais l'urgence est là, qui vous y porte : comme la respiration, qui ne met pas de gants. Et puis, avec le temps, tout finit par rentrer dans l'ordre ; ces pages, écrites au jour le jour, ont pris tournure et corps... A croire que ce mouvement de sur-place, pur combat livré au stylo dans le huis clos de la conscience, avait valu une odyssée ! [11.11.2005]

Pour lire plus, rendez-vous: http://sur-place.blogspot.com